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    Édition 2024 des perspectives démographiques des municipalités du Québec – Note méthodologique

    Méthodologie générale

    Les perspectives démographiques des municipalités sont conçues pour refléter les tendances locales, mais leur robustesse est assurée en les arrimant sur les résultats obtenus par MRC, qui eux-mêmes sont arrimés aux résultats des régions administratives. Pour plus de précisions sur la méthodologie et sur les hypothèses globales à l’échelle du Québec et des niveaux géographiques intermédiaires, consultez le document Perspectives démographiques du Québec et de ses régions, 2021-2071 (PDF, 4,71 Mo).

    Le scénario de projection principal, appelé scénario Référence A2024, reflète les tendances démographiques récentes et le contexte actuel. Des scénarios de croissance faible et forte sont aussi présentés de manière à rendre compte de l’incertitude entourant l’évolution future. Le scénario Fort (E2024) regroupe les hypothèses plus favorables à la croissance démographique, et le scénario Faible (D2024), celles qui y sont moins favorables.

    Ces perspectives à l’échelle des 1 197 municipalités peuplées du Québec accompagnent celles diffusées à l’échelle des MRC, et font suite à celles portant sur l’ensemble du Québec, sur les régions administratives (RA) et sur les régions métropolitaines (RMR) diffusées le 7 octobre 2024. Le découpage géographique et la dénomination des municipalités sont ceux en vigueur au 1er juillet 2023. Les scénarios couvrent la période 2021-2041, soit un horizon de 20 ans après la plus récente estimation censitaire (2021). Cet horizon de projection, plus court que celui diffusé à l’échelle des MRC, des RA ou des RMR (30 ans), est retenu afin de rendre compte de la plus grande incertitude des résultats pour les municipalités, conséquence de leur plus petite taille et de la méthode utilisée.

    La projection de la population des municipalités est fondée sur une méthode différente de celle utilisée pour les autres niveaux géographiques (Québec, RA, RMR, MRC et CLSC). Les projections à l’échelle de ces autres découpages utilisent la méthode classique dite « des composantes », où les divers phénomènes démographiques (fécondité, mortalité, migration) sont appliqués séparément et successivement pour faire évoluer la population d’une année à l’autre. Pour la projection à l’échelle des municipalités, on utilise une adaptation de la méthode des « taux de passage », où l’évolution future des cohortes quinquennales est basée sur la progression de leur effectif lors des années passées. Cette méthode proposée initialement par Hamilton et Perry (1962) est appelée Cohort Change Ratio en anglais. Ainsi, si le groupe des 20-24 ans d’une municipalité comptait 100 personnes en 2016 et que cinq ans plus tard, en 2021, la même cohorte comptait 120 personnes (alors âgées de 25-29 ans), le taux de passage à appliquer aux 20-24 ans de cette municipalité serait de + 20 %.

    La méthode des taux de passage est imparfaite dans le sens où la croissance d’une cohorte est intrinsèquement liée à son effectif de départ. Ainsi, la croissance peut devenir exponentielle en dépit d’un bassin d’entrants potentiels pourtant limité. Ce problème est contourné en limitant progressivement les taux de passage dans le temps, et en arrimant les effectifs obtenus dans chaque groupe d’âge sur le total préalablement obtenu dans la projection par MRC. La présente projection par municipalité est donc imbriquée à celle des MRC, et comme attendu, la somme de la population des municipalités d’une même MRC est égale à la population de cette MRC, et ce, pour chaque groupe d’âge. Dans certaines MRC qui comptent plus d’un territoire de CLSC, des résultats à l’échelle des CLSC sont également utilisés pour arrimer les résultats après chaque bond de 5 ans.

    Comme la projection est effectuée par bond de 5 ans (par exemple, de 2023 à 2028 pour le premier bond), il est nécessaire d’effectuer une interpolation afin d’obtenir les résultats pour les années intermédiaires (ex. : de 2024 à 2027). Cette interpolation est effectuée en exploitant les résultats par MRC (disponibles annuellement) et en supposant que durant l’intervalle, chaque groupe d’âge de chaque municipalité présente une évolution linéaire de son poids à l’intérieur de sa MRC. Autrement dit, si les 20-24 ans d’une municipalité représentaient 10 % des 20-24 ans de leur MRC en 2023 et qu’ils représentaient 15 % de leur MRC en 2028, on supposerait qu’ils en représentaient 11 % en 2024, 12 % en 2025, et ainsi de suite.

    Pour réduire le plus possible la fluctuation aléatoire ou la poursuite de tendances ponctuelles sur le long terme, les taux de passage utilisés sont basés sur la moyenne de ceux observés, d’une part, de 2011-2013 à 2016-2018 et, d’autre part, de 2016-2018 à 2021-2023, pour les deux sexes réunis. Les valeurs extrêmes sont limitées de manière à ne pas s’écarter du 95e centile central des valeurs observées parmi les 1 197 municipalités projetées. Les taux extrêmes sont donc limités à la valeur des centiles 2,5 et 97,5 pour chaque groupe d’âge, à l’exception des 15-19 ans, pour qui le taux de passage vers les 20-24 ans est appliqué directement. La limitation de valeurs extrêmes est basée sur l’hypothèse que les croissances ou décroissances extrêmes observées pour une cohorte peuvent difficilement se reproduire telles quelles à la période suivante, sauf pour les 15-19 ans qui évoluent vers les 20-24 ans dans un contexte de forte mobilité ayant des fondements systémiques (départs vers des lieux d’étude ou de travail) et qui peut davantage se répéter sur le long terme.

    Les populations de 0-4 ans sont projetées par l’utilisation normale du module de projection de la fécondité. Les paramètres de cette composante sont basés sur les taux de fécondité de la période 2019-2023, calculés par grappe de municipalités voisines atteignant une population minimale d’environ 100 femmes de 20-39 ans en moyenne chaque année. Ces regroupements sont nécessaires pour obtenir des taux statistiquement robustes. Dans certaines communautés autochtones, la forte fécondité permet de calculer des taux robustes à partir de populations inférieures à 2 500. Les taux de passage des naissances de la période sont obtenus en comparant les naissances enregistrées sur une période de cinq ans et la population de 0-4 ans observée au terme de cette période.

    Dans les petites municipalités où la population moyenne d’une cohorte quinquennale en début de période est inférieure à 20, le taux de passage de la MRC est appliqué. Cela équivaut donc à faire évoluer les très petites cohortes de certaines municipalités au même rythme que leur MRC. Lorsque le nombre est égal ou supérieur à 20, les taux de passage spécifiques par cohorte et municipalité sont appliqués jusqu’au groupe des 80-84 ans (passant à 85-89 ans). Ensuite, à partir de 85-89 ans, la population évolue selon les taux de passage calculés à l’échelle des MRC. Ainsi, on pose l’hypothèse que les 85 ans et plus de toutes les municipalités d’une même MRC évoluent au même rythme.

    La municipalité de Notre-Dame-des-Anges (MRC 23) est traitée de manière particulière étant donné sa vocation spéciale de centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD). Sa population est projetée à l’intérieur de la municipalité voisine de Québec, dont elle est extraite une fois la projection terminée sous l’hypothèse d’une population fixe correspondant à celle de 2023.

    Avertissements et limites

    Il est important de noter que ces projections ne prennent pas en compte les contraintes d’aménagement (ex. : espace disponible, plan d’aménagement) qui pourraient limiter la croissance de la population et des ménages d’une municipalité. Ces scénarios ne prennent pas non plus en compte les divers paramètres économiques qui pourraient favoriser ou non la croissance démographique d’une municipalité (ex. : implantation prévue d’une usine).

    De surcroît, il convient de rappeler que les résultats des projections présentent une part d’incertitude, qui peut varier selon l’indicateur et qui s’accroît en fonction de l’horizon temporel et du niveau de désagrégation géographique. L’incertitude à l’échelle des municipalités est donc plus grande que celle à l’échelle du Québec, des régions administratives et métropolitaines, ou celle à l’échelle des MRC. Les changements de tendance observés au Québec au cours des dernières années en matière de migrations internationales et interrégionales, ainsi que l’imprévisibilité liée à l’évolution de ces phénomènes, accroissent également l’incertitude des résultats projetés.

    Ces projections ne doivent donc pas être interprétées comme des prévisions, encore moins comme des prédictions. Ainsi, le scénario de référence n’est pas celui d’un futur attendu ni d’un futur souhaité, mais simplement le résultat du prolongement de la tendance récente ou actuelle. Il jette néanmoins un éclairage fort utile sur les possibilités qu’offre le futur, en plus de nous renseigner sur le degré d’inéluctabilité des tendances les plus lourdes. Les projections démographiques doivent donc être considérées comme un outil pour planifier et modeler l’avenir, plutôt qu’un portrait statique de la situation future.

    Le nombre de personnes en logement collectif (ex. : résidence pour aînés, CHSLD, prison ou refuge) n’est pas projeté à l’échelle des MRC et des municipalités en raison de contraintes méthodologiques. Rappelons toutefois qu’une forte croissance de cette population est projetée à l’échelle du Québec, des RA et des RMR en raison de la croissance attendue aux grands âges. L’interprétation des résultats de ménages privés, de même que l’estimation du besoin futur de logements à l’échelle des municipalités, doit donc tenir compte de l’absence de données projetées pour les logements collectifs à cette échelle.

    Les perspectives de ménages privés sont dérivées de la population, auxquelles on applique des taux de personnes repères du ménage privé (personne 1 au questionnaire du recensement), par groupe d’âge et par municipalité. Ces taux sont calculés à partir des données du Recensement de 2021, en tenant compte des révisions formelles aux comptes de population et de ménages. Lorsque la population d’un groupe d’âge est trop petite pour que l’on calcule un taux robuste, celui de la MRC est utilisé. Les taux de personnes repères de 2021 sont appliqués à la population estimée de 2021 à 2023, et aux populations projetées de 2024 à 2051, pour obtenir un nombre de ménages projeté pour chacune de ces années. Ces calculs impliquent une imputation pour certains territoires partiellement dénombrés, où le nombre de ménages est inconnu.

    Le nombre de ménages est projeté en date du 1er juillet de chaque année. L’estimation du nombre de ménages privés en date du 1er juillet 2021, au départ de la projection, diffère donc légèrement du nombre diffusé dans les tableaux de données du Recensement de 2021. Cet écart est dû au fait que les résultats du recensement sont donnés en date du 11 mai 2021 (jour de référence du recensement), et qu’ils ne comportent pas de corrections pour les réserves et établissements autochtones partiellement dénombrés ni pour le sous-dénombrement net de la population (personnes omises lors du recensement). Ces deux derniers éléments font l’objet d’un ajustement pour obtenir l’estimation au 1er juillet 2021 utilisée au départ de la projection, en plus d’un ajustement pour tenir compte de la croissance démographique estimée du 11 mai au 1er juillet 2021. Pour plus de détails sur ces ajustements, consultez la page 88 du rapport complet (PDF, 4,5 Mo).

    Changements méthodologiques par rapport aux éditions précédente

    Afin de tenir compte de l’existence d’un sous-dénombrement net des ménages privés, on leur applique désormais une hypothèse de sous-dénombrement net qui est basée sur les valeurs estimées du sous-dénombrement net de la population, par groupe d’âge. Cela s’ajoute à l’ajustement pour les réserves autochtones non dénombrées et l’évolution entre le 11 mai (jour du recensement) et le 1er juillet (date des estimations démographiques). Dans les éditions précédentes des projections, seuls ces deux derniers ajustements étaient inclus dans les chiffres de ménages privés au 1er juillet, et le sous-dénombrement net des ménages était supposé inexistant.

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