Entre 2015 et 2022, l’analyse de la physicochimie et de la bactériologie des cours d’eau en milieu agricole, mesurées selon l’indice de la qualité bactériologique et physicochimique (IQBP6), montre que la qualité des 22 cours d’eau analysés est « bonne ou satisfaisante » dans 5 % à 14 % des cas. Cet indice tient compte des contaminants courants suivants : le phosphore total, les coliformes fécaux, les nitrites et nitrates, l’azote ammoniacal, la chlorophylle active et les matières en suspension. Les 22 cours d’eau échantillonnés sont représentatifs des cours d’eau à vocation agricole du sud du Québec.
Selon les résultats de l’IQBP, pour la période de 2020 à 2022, l’état global des 22 cours d’eau agricoles analysés est de mauvaise qualité. En effet, aucun cours d’eau ne se situe dans la classe de qualité bonne, et seulement deux se trouvent dans la classe satisfaisante. La majorité des cours d’eau (17 sur 22) font partie de la classe mauvaise ou très mauvaise.
Concepts et définitions
Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) établit des critères de qualité de l’eau de surface pour la protection de toutes les formes de vie aquatique, des algues aux poissons.
L’indicateur IQBP6 permet de mesurer la qualité de l’eau en ce qui a trait aux contaminants courants comme le phosphore total, les coliformes fécaux, les nitrites et nitrates, l’azote ammoniacal, la chlorophylle active (celle-ci est indicatrice de la biomasse algale) et les matières en suspension.
Des prélèvements d’eau sont effectués mensuellement à l’embouchure des bassins versants de 22 cours d’eau représentatifs des cours d’eau à vocation agricole du sud du Québec. Les 22 cours d’eau sélectionnés sont des sous-bassins versants des tributaires du fleuve Saint-Laurent, sauf les rivières Saint-Louis, Fouquette, Kamouraska et Mascouche, qui se déversent directement dans le fleuve. Parmi ces 22 cours d’eau, 3 transitent par un lac, soit les rivières Ticouapé et Bédard, par le lac Saint-Jean, et la rivière aux Brochets, par la baie Missisquoi du lac Champlain. La superficie drainée aux stations de qualité de l’eau (55 à 1 501 km2) est faible pour la plupart de ces bassins versants, et l’agriculture occupe entre 25 % et 80 % de leur territoire.
Les prélèvements sont effectués d’avril à novembre ou tous les mois, selon la station. Les mêmes cours d’eau sont analysés annuellement.
En milieu agricole, la concentration des élevages dans certains bassins versants entraîne une production importante de déjections animales. Ces déjections contiennent des éléments nutritifs comme le phosphore et l’azote, ainsi que des bactéries et d’autres contaminants organiques, qui peuvent être rejetés directement dans le cours d’eau par le bétail qui y a accès ou s’écouler des aires de stockage en l’absence de structures d’entreposage étanche. Les déjections animales sont également épandues sur les sols en culture, en plus des engrais minéraux et, dans certains cas, de matières résiduelles fertilisantes. Les contaminants peuvent aussi rejoindre les cours d’eau à la suite des précipitations par les eaux de ruissellement et de drainage souterrain. La surfertilisation contribue aussi à l’enrichissement et à la saturation des sols en phosphore.
Les pratiques culturales laissant le sol à nu favorisent grandement l’érosion du sol et les valeurs élevées de matières en suspension et de turbidité, comparativement à des pratiques de remplacement comme les cultures intercalaires, ou aux cultures pérennes. Le drainage souterrain des terres agricoles favorise le transport des contaminants, notamment des plus solubles, comme les nitrates.
Précaution
L’évolution de facteurs climatiques au cours des dernières décennies, comme la hausse des pluies printanières et automnales, a pu exercer une influence sur les pressions provenant des activités humaines en milieu agricole. Les changements climatiques pourraient accentuer les problèmes de qualité de plusieurs cours d’eau à vocation agricole qui sont déjà touchés par des apports importants de sources diffuses. Les changements dans les apports municipaux et industriels peuvent aussi avoir un effet.
Bien que les prélèvements soient effectués chaque année, il faut rester prudent dans l’interprétation des résultats sur une base annuelle, car les changements peuvent prendre un certain temps à s’opérer.
La série de données sur le phosphore qui constitue une composante de l’IQBP6 a subi un bris de série entre 2021 et 2022 à cause de changements dans la méthode d’analyse et de l’utilisation d’appareils plus précis. La période de données sous-estimées n’est pas clairement établie, mais pourrait s’étendre de 2015 à 2021. Le degré de sous-estimation est variable et semble varier de 0 à 25 %, selon les endroits.
De plus, en 2020, des interruptions du suivi des trois descripteurs à certaines stations pour les mois d’avril à mai ou juin ont eu lieu en raison de la COVID-19.
Indicateur
Physicochimie et bactériologie des cours d’eau en milieu agricole
Aspects de la Stratégie gouvernementale de développement durable 2023‑2028 auxquels se rapporte l'indicateur :
Orientation 2 – Agir en faveur de la nature et pour la santé
Objectif 2.2 – Améliorer la santé des écosystèmes
Sous objectif 2.2.2 – Prévenir les effets sur la santé associés à la dégradation de la nature
Cible
Suivi de la progression
Résultat : 9 % des cours d’eau agricoles de qualité bonne ou satisfaisante en 2020-2022
Concordance avec les objectifs de développement durable 2030 des Nations Unies