Par Patricia Beauregard-Desjardins et Stéphane Ladouceur, Direction des statistiques sectorielles et du développement durable
Diffusion : 25 avril 2024
Dans cette page :
Portrait à l’échelle des régions administratives
Le Québec comparé au Canada
Selon les données provisoires de 2022, le revenu disponible par habitant, en dollars courants, a crû de 7,4 % dans l’ensemble du Québec, et ce, après avoir augmenté de 4,3 % un an plus tôt. En même temps, l’indice implicite de prix des dépenses de consommation finale des ménages a également progressé avec vigueur, en enregistrant une hausse de 5,5 %. En termes réels, c’est-à-dire lorsque l’on exclut les variations de prix, le revenu disponible par habitant a donc augmenté de 1,8 % en 2022, ce qui correspond au double de la croissance enregistrée en 2021 (+ 0,9 %). Il s’agit toutefois d’une croissance largement plus faible que celle observée en 2020, année au cours de laquelle le revenu des particuliers a été propulsé par les différentes mesures de soutien liées à la pandémie de COVID-19.
L’augmentation du revenu disponible au Québec en 2022 résulte essentiellement de la hausse marquée de la rémunération des salariés ainsi que du revenu net des entreprises individuelles. Cette hausse des revenus de travail a été partiellement contrebalancée par le recul, pour une deuxième année consécutive, des transferts courants reçus par les particuliers des administrations publiques, seconde composante en importance du revenu disponible. Ce résultat s’explique essentiellement par le repli des transferts en provenance de l’administration fédérale, attribuable, d’une part, à la diminution des prestations d’assurance-emploi et, d’autre part, aux prestations liées à la pandémie de COVID-19 reçues en trop et qui ont dû être remboursées par les particuliers en 2022.
Au Canada, le revenu disponible par habitant en termes réels a baissé de 1,9 % en 2022, et ce, après avoir stagné en 2021. Ce repli est attribuable, entre autres, à l’effet conjugué d’une croissance plus faible de la rémunération des salariés, d’une baisse plus importante des transferts gouvernementaux et d’une augmentation plus marquée des impôts directs qu’en 2021. Qui plus est, l’indice implicite de prix des dépenses de consommation finale des ménages s’est accru plus rapidement au Canada qu’au Québec. Notons que parmi les dix provinces canadiennes, le Québec et la Saskatchewan sont les seules à avoir connu une croissance du revenu disponible par habitant en 2022.
C’est la septième année consécutive que le Québec enregistre un taux de croissance, en termes réels, supérieur à celui observé au pays. En dépit de cette augmentation, le revenu disponible par habitant au Québec (36 826 $) demeure inférieur à celui au Canada (38 889 $).
Portrait à l’échelle des régions administratives
La croissance du revenu disponible en dollars courants a été largement plus importante en 2022 qu’en 2021 dans l’ensemble des 17 régions administratives du Québec. Dans six d’entre elles, la progression a dépassé celle observée dans l’ensemble du Québec.
La région de Laval est celle où il s’est le plus accru : l’augmentation a été de 8,2 %, en raison entre autres d’une hausse importante de la rémunération des salariés et du revenu mixte net. Un an plus tôt, ce territoire insulaire affichait pourtant l’une des plus faibles croissances du Québec. Outre Laval, Montréal est la seule région administrative à avoir connu une augmentation de 8,0 % ou plus entre 2021 et 2022, laquelle a également été stimulée par la hausse des revenus de travail. Soulignons que c’est la quatrième année d’affilée que la métropole enregistre une hausse supérieure ou égale à celle notée dans l’ensemble du Québec.
À l’inverse, le Nord-du-Québec a connu la plus faible augmentation parmi les régions administratives, et ce, pour une deuxième année consécutive. Cette situation s’explique par une baisse plus marquée des transferts en provenance des administrations publiques et par une augmentation plus faible de la rémunération des salariés que dans les autres régions.
Tout comme c’était le cas en 2021, c’est la Montérégie qui affiche le revenu disponible le plus élevé de toutes les régions administratives en 2022. Viennent ensuite les régions de Montréal, de la Capitale-Nationale et des Laurentides, lesquelles présentent aussi un revenu disponible supérieur à 37 500 $ par habitant. À l’autre bout du spectre, c’est en Mauricie qu’il est le plus faible : les revenus primaires, qui comprennent à la fois la rémunération des salariés, le revenu mixte net et le revenu net de la propriété, y sont nettement moins élevés que dans l’ensemble du Québec.
Aperçu à l’échelle des MRC
En 2022, le revenu disponible par habitant s’est accru dans les 104 MRC du Québec, bien qu’à des degrés divers. L’augmentation la plus importante s’est produite dans Les Jardins-de-Napierville (+ 11,6 %), en Montérégie, où la hausse a notamment été stimulée par la forte progression des revenus primaires. En dépit de cette forte croissance, le revenu disponible par habitant de cette MRC demeure inférieur à celui du Québec.
La progression la plus modeste en 2022 a été enregistrée dans la MRC des Basques, où le revenu disponible par habitant a augmenté de seulement 2,1 %, et ce, après avoir connu une hausse de 3,8 % un an plus tôt. L’érosion des revenus nets des entreprises non agricoles a pesé lourdement sur la croissance du revenu disponible dans cette MRC du Bas-Saint-Laurent. Outre Les Basques, 62 MRC ont vu leur revenu disponible par habitant croître à un rythme moins rapide que celui du Québec en 2022.
La MRC de Caniapiscau, dont la principale municipalité est Fermont, continue de présenter, et de loin, le revenu disponible par habitant le plus élevé (47 165 $) du Québec. Elle est suivie par la MRC des Pays-d’en-Haut, dans les Laurentides, où il s’établit à 46 005 $. Les personnes qui habitent dans cette MRC se distinguent en ayant en moyenne des revenus nets de la propriété largement plus élevés que celles qui demeurent dans le reste de la province.
Plusieurs MRC situées en périphérie de Montréal et de Québec tendent aussi à afficher un revenu disponible par habitant élevé. C’est le cas de La Vallée-du-Richelieu (42 381 $) et de Thérèse-De Blainville (40 586 $), autour de l’île de Montréal, ainsi que de La Jacques-Cartier (43 080 $) et de La Côte-de-Beaupré (40 849 $), à proximité de Québec. Bien qu’ils soient inférieurs au revenu disponible par habitant de plusieurs MRC avoisinantes, le revenu disponible par habitant de Montréal (38 067 $) et celui de Québec (37 821 $) continuent de se maintenir au-dessus de celui de l’ensemble du Québec.
Dans trois MRC, le revenu disponible par habitant ne dépasse pas 30 500 $. C’est notamment le cas dans l’Administration régionale Kativik, située dans le Nord-du-Québec. Le faible niveau de revenu dans ce territoire est attribuable, entre autres, à la forte proportion de jeunes de moins de 18 ans, lesquels sont moins susceptibles d’avoir des revenus d’emploi ou de recevoir des prestations sociales que les personnes des autres groupes d’âge. Enfin, soulignons qu’en plus d’être relativement bas dans ce territoire nordique, le revenu disponible par habitant y croît moins rapidement que dans le reste du Québec depuis 2021.
Qu’est-ce que le revenu disponible par habitant?
Le revenu disponible par habitant représente le montant moyen qui reste à la disposition des particuliers pour la consommation finale de biens et de services ainsi que pour l’épargne volontaire. Plus précisément, le revenu disponible est un agrégat du secteur des ménages du Système des comptes macroéconomiques. Pour obtenir le revenu disponible par habitant, on additionne d’abord tous les revenus des personnes qui résident dans un territoire donné, tels que la rémunération des salariés, le revenu net des entreprises individuelles, les revenus nets de la propriété et les prestations sociales. On soustrait ensuite les transferts payés par ces personnes aux secteurs institutionnels, dont l’impôt sur le revenu des particuliers, les cotisations aux régimes d’assurance sociale ainsi que les cotisations que les personnes employées versent à un régime de retraite à prestations et à cotisations déterminées. Puis, on divise le résultat par l’ensemble de la population du territoire, tous âges confondus.
1. Les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) comprennent, entre autres, les œuvres de bienfaisance et les organisations de secours ou d’assistance créées à des fins philanthropiques.
2. Les transferts payés aux sociétés financières comprennent les cotisations aux régimes de retraite à prestations et à cotisations déterminées.
Source
Institut de la statistique du Québec.
Le revenu disponible est égal au revenu primaire plus les transferts courants reçus moins les transferts courants payés.
Le revenu primaire est composé de la rémunération des salariés, du revenu mixte net (revenu net des entreprises agricoles et non agricoles, revenu net de location) et du revenu net de la propriété.
Les transferts courants reçus sont composés des transferts reçus des institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM), des sociétés financières, des administrations publiques (fédérale, provinciale, autochtones, RRQ et RPC) et des non-résidents.
Les transferts courants payés sont composés des transferts payés aux institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM), aux sociétés financières, aux administrations publiques (impôt sur le revenu, cotisations aux régimes d’assurance sociale, autres transferts) et aux non-résidents.
Il faut souligner que les transferts sociaux en nature, soit les biens et services fournis gratuitement ou à faible coût à la population par les administrations publiques, tels que les soins médicaux et les services éducatifs, ne sont pas pris en compte dans le revenu disponible. Les estimations sur le revenu disponible par habitant ne tiennent pas compte également des différences du coût de la vie entre les territoires.
Statistique Canada est responsable des estimations annuelles provinciales, territoriales et canadiennes sur le revenu disponible. À partir des estimations pour le Québec réalisées par l’agence fédérale, l’Institut de la statistique du Québec produit, pour sa part, les estimations à l’échelle des 17 régions administratives et des 104 MRC de la province. Ces deux organismes statistiques s’appuient sur les normes internationales en matière de comptabilité macroéconomique ainsi que sur une multitude de sources, dont les données administratives, pour produire leurs estimations annuelles.
Tableaux détaillés
Revenu disponible et ses principales composantes, Canada, provinces et territoires
Revenu disponible et ses composantes par régions administratives et ensemble du Québec
Revenu disponible par habitant, MRC et ensemble du Québec
À venir
Les données sur le revenu disponible par habitant pour l’année 2022 seront analysées de façon plus détaillée à l’échelle des régions administratives et des MRC dans le Panorama des régions du Québec, édition 2024, dont la sortie est prévue pour l’automne 2024.
